La photographie n’est pas un acte neutre, il est rare que les amoureux de la photographie ne soient pas eux même des collectionneurs et des grands amoureux d’art, c’est le cas de Catherine Rotulo qui avec le recul des années vous explique aux travers de ses confidences le pourquoi et le signifiant de ses collections.
Catherine Rotulo
La mort de Bashung
Catherine est très touchée par la mort de Bashung, c'est l'occasion pour elle
d'évoquer le passé alors qu'elle est en phase de lutte face à la maladie, elle se met
volontairement en scène.
Nostalgie Pastel
Il y a tant d’images possibles, l’œil peut se poser sur tant de choses, tant de points…
J’ai soumis à votre regard dans « Ile de Ré, Ile Dorée » des moments de vie, des lieux, des lumières mais peut-être autant de mystères pour y voir un tout.
J’ai choisi cette année de me mettre en scène, de retourner la caméra vers moi sous la forme d’une narration, celle des émotions intenses que j’ai voulu préserver et sortir à nouveau de ma mémoire, un présent toujours recommencé que tant de pays parcourus n’ont pu user.
Il fallait ces images très pures aux cadrages sans artifices pour que l’île de Ré soit vue aussi bien que perçue dans son essence. C’est au printemps ou à l’automne quand seule la lumière l’anime, sans interférence. La multitude qui chaque année accélère si fortement son pouls n’est pas encore arrivée, à moins qu’elle ne soit repartie. L’île est là sans fausses notes susceptibles de rompre l’équilibre que porte chaque image. Elle apparaît sereine dans cet accord parfait de la lumière avec le vert d’une fenêtre simplement isolée, avec une façade de maison sur laquelle la vie affleure ou avec les pavés de la rue qui file tranquillement vers l’horizon rejoindre un coin de ciel. Sur le sable doré de la plage l’écume même semble s’étaler dans un bonheur paisible. Volumes, formes, couleurs s’harmonisent dans ce portrait empreint de nostalgie.
C’est au fil des années que Catherine Rotulo a pénétré l’intimité de l’île, y revenant sans cesse pour y guetter ce qu’elle a de plus beau. Aujourd’hui île devenue presqu’île depuis la naissance du pont il y a vingt ans, l’œuvre est achevée et le constat photographique prend toute sa mesure.
Dominique Wallut,
photographe Paris, mai 1991, mai 2008
CesaREe – CesaRHEA. Noms de lieux noms de dieux. Echos pariétaux de voix immémoriales – de ces femmes fictives immortelles. Des lieux où le recueillement suscite la mélancolie ou l’oubli – ou bien, inversement, une souvenance surgie d’avant la Création peut-être, une souvenance stupéfiante de l’inconnu du non-vécu. Des lieux dont on ne peut concevoir un temps où ils n’aient pas déjà été – un temps où ils cesseraient d’être.
Ile de RE – Ile de Rhéa – entre le Ciel, la Terre, le Temps et la Mer devenue Océan-terre maternelle, de l’Origine Absolue. Lieu de recueillement oui – pays de tours et de retours : il est clair que le caractère d’insularité induit l’idée de concentration obsessionnelle, d’encerclement. Séduction de l’aspect réflexif, angoisse aussi – celle du « nulle-part-ailleurs » et de l’incontournable, intolérable rencontre de soi. L’isolement n’a d’autre sens, d’autre étymologie. On évoque souvent un « syndrome insulaire »… sans doute s’agit-il de cette sensation tout autant sécurisante que suffocante, de claustration/protection en un espace fini.
L’Ile-de-Ré, appelée aussi depuis longtemps « Ré la blanche » est un lieu rare de saisissantes variations lumineuses où un souffle océanique surnaturel transfigure à chaque instant la physionomie du ciel et, par là-même, du paysage. Lieu du contraste zénithal où les façades blanches si typiques de l’Ile pourraient, semble-t-il, frapper la rétine de cécité, mais où l’ombre portée des volets verts, tout aussi caractéristiques, dessine sur cette candeur violente des graphismes précis d’un noir intense.
Ile doREe d’un sable onctueux – moelleux sur lequel on pourrait marcher jusqu’à l’a-perception de l’espace, de sa finitude – jusqu’à – pourquoi pas – parcourir plusieurs fois à la suite le même périmètre qui, alors, outrepasse toute mesure. Ces plages solitaires où le liseré écumeux et mouvant des vagues trace un chemin de sérénité contemplative. En hiver, comme à toute saison, l’être sensible y trouve son compte et c’est la raison pour laquelle elle inspire tant d’artistes.
Contemplation sereine aussi devant des architectures d’une solidité tranquille, richement élaborées par le grand Vauban, mais dans la discrétion, la sagesse. Les églises sont également des témoignages historiques incontournables, fières et modestes à la fois, exhalant l’exaltation spirituelle – dissimulant des splendeurs d’une sobriété grave ou d’une touchante naïveté. Pour le grand maître Vauban ce sont les arcs de la Porte de la Citadelle, porte de Thoiras ou celle des Campani à Saint-Martin – monuments de calme sévère et pourtant solaire. On admire également les ruines hugoliennes de l’Abbaye des Châteliers, près de La Flotte, giflées par tous les vents, mordues par le sel – conservant cependant leur dignité et l’assurance de leur aérienne éternité.
Ile doREe – radieuse de toutes les fantaisies poétiques – qu’elles soient naturelles… Vieil Océan pensif ou colérique – marais où la végétation surgie de l’eau compose, avec les jeux de reflets et la lumière frémissante, des séquences cinématographiques abstraites dont l’œil ne parvient pas à s’arracher… Toutes les ruelles des villages portent des noms symboles d’une attention permanente de leurs habitants « jusqu’à l’impasse du bout du monde » que l’on retrouve au village des Portes.
Mémoire – Mes/moi/RE. Ici s’offre un travail rare – une œuvre photographique qui parle précisément de la mémoire, de l’Origine, de l’appartenance volontaire à une terre, une œuvre d’autant plus émouvante, percutante, que son propos relève de la fiction. Celle qui nous livre ses images – comme une confidence et sous l’aspect d’un itinéraire initiatique – que pourtant beaucoup d’auteurs ont déjà voulu saisir, selon leur propre culture, est une femme qui a parcouru le monde entier et qui est toujours revenue à St Martin de longs mois chaque année et cela toute sa vie. Ce qu’elle propose au regard, à la curiosité du spectateur-visiteur à travers cette sélection, ce sont bien des fragments de sa vie en étroite complicité avec le milieu, une découverte en permanente progression au fil de soixante années, doublée de l’épaisseur des souvenirs en strates. Ceux des premiers contacts avec les éléments, des premiers jeux, ceux d’impérissables amitiés, ceux, aussi, des premiers émois de l’adolescence, des premières exaltations, en même temps que des premières douleurs – des premiers deuils.
C’est pourquoi, tout en confidence, elle vous confie pour la pérennité les archives d’une famille heureuse où chacun se retrouvera. Elle y ajoute, bien que beaucoup se soient attachés à collectionner des cartes postales et à les éditer, sa propre collection ainsi que les œuvres des peintres et aquarellistes qu’elle a choisit au fil du temps.
En résumé – ici s’impriment, se font empreintes, les premiers pas dans la vie autant que dans la photographie, d’une professionnelle qui, depuis longtemps déjà, n’a rien à prouver quant à son talent et à son regard artistique perpétuellement tourné vers les autres.
Catherine Rotulo est une rétaise de cœur et, par là-même, rétaise (s)élective ; c’est également à ce « statut » que l’on doit la qualité de son travail. Elle a, sur l’autochtone, l’avantage de la distance dans le regard qu’elle porte sur un pays qu’elle aime comme le sien. Et, sur le voyageur, le passant – quelle que puisse être la sincérité de sa fascination – le privilège d’une connaissance enracinée avec le temps, d’une familiarité qui se traduit dans ses photographies par une extrême sensibilité chromatique liée, par exemple, à l’enchaînement des saisons, des heures du cadran – modifiant l’éclairage et, de ce fait, le paysage – par une attention pointue au détail insolite ou quotidien qui échappe à l’étranger par défaut d’intimité aussi bien qu’au natif, victime de l’ordinaire. C’est ainsi qu’elle se donne, avec une générosité amoureuse, à travers ce qui lui est le plus précieux.
Des peintres, aussi connus que la famille Suire, grands spécialistes de l’Ile, ont su eux-mêmes partir pour revenir. Elle pense à Olivier ces dernières années, qui a consacré une partie de sa vie au Maroc (autres couleurs, autre approche).
Il ne reste qu’à se laisser mener en sa dérive raisonnée – celle d’un guide de la perception visuelle, de l’émotion, un guide entier dans sa passion – il ne reste qu’à la suivre en confiance dans cette nouvelle invitation au voyage – sa démarche. En retour de confidence – ouvrir, sur son lumineux exemple, les yeux sur la coloREe.
Texte d’Isabel Formosa, édité en 1991 dans la première version « Ile de Ré, Ile doRée », premier prix de la Villa Médicis à Rome,
photographe d’art religieux, mis à jour par l’auteur.
Paris, mai 1991, mai 2008
conférence-signature à Val d'Isère
Mercredi 19 mars 2008 , Catherine Rotulo a convié un large public d’initiés, dans les salons de l’Hôtel Tsanteleina à val d’Isère, à une conférence-signature autour de son livre : "Françoise Hardy, ses plus belles années », publié aux éditions De La Martinière.
Cette dernière à remporté un vif succès.
Au cours de l’été 2008, Catherine Rotulo prévoit plusieurs conférences à l’île de ré
Hôtel Tsanteleina
Avenue Olympique
BP 201 73155 Val d'Isère
Cedex
Téléphone Hôtel Depuis la France: 04 79 06 12 13,
Depuis l'étranger: +33 4 79 06 12 13.
Conférence des Francofolies
Catherine Rotulo à la conférence des Francofolies, représentant la radio
« Soleil de Ré", en prévision de ce festival dont la programmation est visible sur : www.francofolies.fr , son ami Thomas Dutronc, sera présent sur le spectacle de Vanessa Paradis, et de Christophe Willem, le 14 juillet 2008 (Grande scène à st Jean d’âcre)